lundi 7 juillet 2008

Je converse avec un ivrogne...

du matin jusqu'au soir. Ne vous méprenez pas: ce n'est pas Homme qui trinque. L'ivrogne est , bien JeuneHomme en chute libre vers son terrible two. Discuter avec un ivrogne au prise avec des sursauts de lucidité entrecoupés de périodes confuses plus ou moins longues ne serait pas plus pénible. Et dénominateur commun: on ne déchiffre pas grand chose du charabia qu'ils nous lancent à la figure d'un air outrageusement dépassé-frustré-limite à bout qu'on ne les comprenne pas. Toujours prêt à exploser dans une colère noire, on s'arme pour ne pas recevoir leurs projectiles. Peu habiles sur leurs jambes chancelantes (l'un parce qu'il a moins d'un an de pratique dans le corps, l'autre parce qu'elles sont trop molles momentanément!), on ne sait même pas comment les approcher. Car la tentative peut être interprétée comme un envahissement subit du territoire de l'ivrogne (peu importe lequel!) et les assauts s'avèrent surprenants (Aïe! Un coup de verre à bec! Je t'avertis petit ivrogne, tu ne me le referas pas... en tout cas, pas quatre fois!).

Comme un ivrogne, JeuneHomme se contredit à une vitesse folle.

- "Laiiiiiit! Laiiiiiiiiiiit!"
- "Tiens, en voilà!"
- "Mici", dit le JeuneHomme, d'une voix mieilleuse et nous gratifiant d'un mignon sourire. Mais aussitôt qu'il met le verre dans sa bouche: "Naaaaaaaoooon, Juiiiiiiice!", hurle-t-il. On le croirait posséder du démon. Où est passé le délicieux sourire?
- "Bon ok. J'achète la paix. En voilà!"
- "Mici" =, dit le JeuneHomme, retrouvant sa douce voix. "Naoooooooooon! Pas çaaa..... Juice là" , ordonne le terrible enfant en pointant un autre jus.

Dilemme: je rachète la paix? Ça va me coûter une fortune, car les indécisions et les contradictions s'accumulent. Je me souviens d'une mémorable crise car je lui ai versé (Ô malheur!) du lait venant d'un contenant de 2 litres au lieu de la poche habituelle dans le récipient!

Sous l'effet de sa grande soeur l'afflubant parfois de "Pas gentil!" murmuré à deux centimètres de son nez, JeuneHomme répète désormais ces deux mots dès qu'il est contrarié. "Papa pas gennnntiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiil". On note aussi l'insistance marquée et soutenue de Ivrogne-de-2-ans dans les fins de phrases. Effet rapide en la demeure: d'abord cela accentue sa demande et gruge instantanément mes maigres réserves de patience.

Bref, la vie avec Ivrogne-de-2-ans est rock'n'roll. Mais pas désespérée. Car comme avec un véritable ivrogne, il est vraiment facile de le déjouer dans son propre jeu sans qu'il ne s'en rende compte. Appelons cela l'avantage d'être à jeun...

Tactique, donc.

D'abord, les faux choix bien sûr. Tout le monde connaît le principe et l'utiliser révèle notre plus pure intelligence parentale et nous sauve de bien des casse-tête: "Tu prends ton bain seul ou avec MissLulus?", "Tu veux une pomme ou des bleuets?", etc.

Ensuite, on élimine les questions trop vastes et qui en entraînent d'autres. Attention papa (im)parfait a du chemin à faire sur ce point, mais une fois bien empêtré dans ces choix qui n'en finissent plus, il semble avoir compris. Fini les "Veux-tu de l'eau? Du lait? Du jus? As-tu faim? As-tu soif? Tu veux ton auto rouge? Bleue? Verte? Blanche? Noire? Mauve? Grise?Alouette!" De un, ça n'a aucun sens. De deux, Ivrogne-de-2-ans ne comprend rien à ces questions bizarres. De trois, invariablement la réponse est toujours "Naaaaaoooooooooonnnnnnn"

On profite de sa faiblesse d'ivrogne pour rapidement déjouer son attention. Il me supplie à grands cris une compote avant le souper que je tente de préparer tout en constatant qu'il vient de me pousser une troisième jambe pleurnicharde à côté des deux autres. Je lance rapido sur un ton exagéremment joyeux "Ohhhhhhhhhhhh un oiseau sur le balcon" (ou un avion dans le ciel, un écureuil dans la piscine, une mouche dans mon verre de vin... peu importe! C'est le ton sur lequel on lance notre perche qui est important!). La plupart du temps, JeuneHomme oublie qu'il pleurait pour une compote, se précipite pour "voir" la merveilleuse trouvaille pendant que je fais disparaître les maudites compotes. Du coup, l'oiseau parti, JeuneHomme oublie... comme un ivrogne ne sachant plus où il en était...

Le coup suprême: on embellit son image. On le stimule à grands coups de "JeuneHomme est un graaaaannnnnnnnnnnnnnnnnnnd garçon" (Notez ici qu'on insiste aussi subtilement sur le mot clé pour accentuer notre mécanisme de ruse. Le plus merveilleux: ça marche!). On flatte son ego, on joue avec sa fierté et manipule son désir de plaire.

Ma liste noire pour contrer l'ivrognerie terrifiante est en constante évolution. Et je recherche des idées pour contenir mon ivrogne-de-2-ans. D'autres trucs?

En attendant, je vais me verser un petit verre de rosé pour célébrer mon combat contre l'ivrognerie!

4 commentaires:

Mercredie a dit…

Quand il me fait une crise, je me met par terre à côté et je fais pareil... Il pogne l'air bête et vient me consoler! ;)
( à ne pas faire dans une allée de magasin...)

Évangéline a dit…

Moi aussi j'en ai imité des crises, j'ai acheté la paix et j'ai donné des choix... et c'est à recommencer car la dernière arrive elle aussi dans sa phase d'ivrogne!!

Bilounne a dit…

Bonjour, je vous ai remis le prix Arte y pIco sur mon blogue

Les (Z)imparfaites a dit…

Un prix? Où ? Où? Dis-nous tout?